De plantes et (pas trop) d'eau fraîche !

Bonjour à toutes et tous !

Comme je le disais dans le premier article, mon souhait est avant tout de pouvoir, par l'écriture, vous transmettre un peu de ma passion des plantes tropicales. J'ai pensé que les conseils seraient superflus devant la masse d'informations qui est déjà accessible en ligne mais dans le même temps, comment parler des plantes tropicales sans parler de comment les entretenir ?

Je vous invite donc aujourd'hui, tout en faisant un détour par mon intérieur et l'histoire de la naissance de ma jungle urbaine, à suivre quelques péripéties du débutant que j'étais il y a encore quelques mois. Plutôt qu'une série de conseils, je vous propose d'explorer ensemble ce qu'il ne faut absolument pas faire, sans pouvoir vous garantir qu'aucune plante n'a été maltraitée lors de cette période d'initiation !

D'amour et d'eau fraîche.

Le débutant de la plante verte est souvent fier de ramener chez lui son premier spécimen. C'est à la fois un défi, une occasion de mettre à l'épreuve la vérité du concept de "main verte" (ou non), et de faire valoir ses capacités à maintenir en vie une chose mystérieuse qui ne communique, à première vue, ni sur ses besoins, ni sur ses manques. Je me souviens être rentré de ma première visite en jardinerie avec deux petits Chamaedora Elegans, postés aux extrémités de ma cheminée vide de toute décoration (obsession de la symétrie oblige...), dont j'observais chaque jour le possible signe de malaise.

Les façons d'aimer les plantes tropicales sont multiples, mais la première preuve d'amour du débutant fougueux est, je crois, d'apporter à sa/son bien-aimé(e) ce dont on dit qu'il/elle raffole. En sommes, une tentative de séduction parfois un peu oppressante, parfois totalement asphyxiante, qui si on l'étend à toute forme de relation passionnelle, serait un des catalyseurs de l'échec.

Qu'imagine t'on des besoins d'une plante ? De quoi aurait elle besoin pour survivre et nous gratifier, nous rendre en retour toute l'attention que je lui porte ?

D'eau et de soleil. La base. Le B-A BA du jardinier en herbe qui a bien suivi ses cours de SVT sur la photosynthèse. Quelle simplicité finalement ! Je ne vous ferez pas le rappel sur les subtilités du processus de photosynthèse, des innombrables questions sur les plantes dans la chambre, dont on dit qu'elle rejète du CO2 la nuit, et donc pourraient nous intoxiquer. En très bref, une plante, pour vivre et produire les éléments essentiels à sa survie, a besoin d'eau et de lumière, absorbe de l'oxygène pour ce processus, et elle rejette en conséquence du CO2. Vous comprenez à présent pourquoi sans lumière (et donc sans fenêtre) ou sans apport d'eau, une plante ne pourra pas survivre.

Pourtant, l'amour porté à une plante pousse souvent à vouloir lui apporter, en surplus, ce dont elle aurait besoin. Me voilà donc accessoirisé de mon super arrosoir en plastique, rempli à ras bord, tentant d'inonder de mon affection aqueuse mes protégées, et ce de façon répétée dans la semaine. L'eau n'a jamais tué personne finalement, on dit partout qu'elle est source de vie. En vérité, l'eau est à la fois certes source de vie, mais également, ne l'oublions pas, de noyade ! Quand je parlais d'asphyxie relationnelle, je crois que le mot s'adapte également tout à fait aux racines de nos plantes d'intérieurs, qui, par trop d'eau, pourraient décider de quitter le navire. Vous pourrez certes la remplacer, en l'accusant de toutes les défaillances, mais en vérité, cette erreur de débutant aura été ce qui a eu raison de la longévité de votre relation.

Il en va de même avec la lumière. Imaginer qu'une plante, pour grandir plus vite, aurait besoin de se dorer la pilule en plein soleil toute la journée est une fausse bonne idée. C'est dans la justesse qu'elles trouvent leurs ressources optimales. En bref, mettez vous 3 heures en plein soleil sans protection solaire, et vous verrez ce qu'il se passe. Pour la grande majorité des plantes tropicales vous constaterez la même chose: elles brûlent, leurs sortes de coups de soleil, sauf qu'il n'existe pas d'après soleil pour elles.

Que de détours pour dire des choses très simples, mais cela transpire l'expérience à plein nez. Finalement, l'illustration est bien celle-ci: aimez vos plantes, mais de loin ! Tout ceci est une question d'adaptation et de connaissances, car chacune va, selon son environnement, exprimer des besoins différents, en termes de luminosité, d'humidité, d'arrosages et d'apports organiques (engrais).

Bref, je m'égare. Peut être que la liste simple des conseils pour les débutants avec les plantes tropicales d'intérieur serait alors les suivants:

1. Avant d'acheter une plante, se renseigner sur ses besoins. Plutôt que de directement flasher sur les qualités graphiques d'une plantes, il est nécessaire de s'assurer que ses besoins répondent à ce que vous pourrez lui apporter, en termes de luminosité et d'entretien. Cela vous introduit alors directement au jargon du jardinier d'intérieur (exposition lumineuse sans soleil direct, lumière tamisée, mi-ombre / terreau frais, humide, mais non détrempé / hygrométrie ambiante). C'est au départ un petit casse-tête, c'est pourquoi je vous conseille de débuter avec des plantes simples d'entretien, peu exigeantes en termes de conditions, et de débuter avec peu de plantes.
   

2. Ne pas passer sur la qualité du matériel / des matériaux utilisés : privilégier un terreau de qualité (on évite le terreau universel low-cost), et se procurer un peu de matériel (pots, coupelles, billes d'argiles pour le drainage au fond du pot, éventuellement de quoi mélanger avec le terreau pour l'aérer, comme de la perlite). Cela a au départ un petit coût, mais si cela vous évite de devoir racheter une nouvelle plante tous les 3 mois, vous serez gagnants.
   

3. Pour l'entretien, se renseigner un peu plus précisément sur les besoins de la plante, tout en adaptant aux réactions de celle-ci dans votre intérieur. Exit les arrosages à heures fixes parce qu'il est inscrit sur l'étiquette "1 fois / semaine". Il est possible que selon les conditions de chaleur, sécheresse, la qualité du terreau, la luminosité différente, votre plante absorbe plus ou moins vite l'humidité du substrat. L'indicateur principal est alors votre propre évaluation, selon les besoins identifiés en amont : on met les doigts dans la terre ! Si une plante a besoin que son terreau sèche légèrement entre deux arrosages, il faut y plonger les doigts pour vérifier l'humidité du substrat sur les premiers centimètres, et je crois que cela fait aussi parti des plaisirs du jardinage d'intérieur. C'est une petite routine qui va s'installer entre vous et vos plantes. Pour ma part, je le fais régulièrement le matin quelques jours après chaque arrosage pour réévaluer les besoins de chacune.

Je ne crois ni au concept de "main verte" ni à celui de "plante meuble". En vérité, tout est question d'identification des besoins et d'adaptation possible, ou non, aux besoins des plantes que vous déciderez d'accueillir chez vous, et du temps que vous souhaitez lui accorder. Peut être avez vous déjà pu entendre un autre terme, celui de "plante verte", pour qualifier certaines personnes dont on dit qu'elles ne sont que belles à regarder, mais qu'il s'agirait de poser là, sans s'en préoccuper, pour ne faire que vitrine. Il est peut être temps de s'insurger contre ce parallèle (levons nos feuilles !), puisque finalement, nos plantes ont beaucoup à nous dire de leurs besoins: il faut les "écouter" en plus de les regarder ;)