Je bouture, tu boutures, nous bouturons.
- Plant Addict
- 20 mai 2020
- 7 min de lecture
Les beaux jours sont arrivés, et avec la luminosité qui augmente, la croissance de nos plantes d'intérieurs n'en est que décuplée. Chaque levé permet de nouvelles découvertes; des feuilles qui se déroulent, des tiges qui s'allongent, la naissance de nouvelles ramifications. C'est certainement la période durant laquelle le plaisir du jardinage d'intérieur est à son comble; voir se réveiller lentement mais surement ses petites protégées après la (trop) longue trêve hivernale est comme une redécouverte.
La période du printemps est également celle qui se prête le mieux, avec l'été, au bouturage intensif des plantes tropicales. Les conditions de lumières et de chaleur, pour permettre aux jeunes plants de se développer, sont réunies. Vous pouvez également tenter l'expérience à l'automne et en hiver, mais le processus sera plus lent, et nécessitera peut être d'investir dans un peu plus de matériel: une lampe horticole et une mini-serre dans laquelle pourra être conservée la chaleur, pour permettre à vos expérimentations de fonctionner.
Pour moi le bouturage est en effet une forme d'expérimentation: il y a des réussites, avec les plantes simples à multiplier, mais également des échecs, et parfois des tentatives saugrenues qui donnent des réussites inattendues !
Pour ma part, je pratique le bouturage depuis le début de mon entrée dans le monde des plantes tropicales, mais celui-ci tend à s'intensifier avec le temps. J'y trouve un certain plaisir mais également une certaine utilité.
Pourquoi bouturer ?
Avant tout pour augmenter la taille de ma collection. Cela ne vaut pas l'achat d'une nouvelle plante, mais les plantes que j'apprécie ne sont jamais en trop en double dans mon appartement. Cela est une façon d'agrémenter un nouvel endroit de l'appartement sans forcément engager de nouvelles dépenses. Bon, d'accord, il va falloir de la patience avant que la plante devienne imposante, mais c'est une façon de verdir son habitation sans devoir toujours acquérir de nouveaux spécimens.
Pour offrir. Je garde souvent en mémoire les paroles de mes amis ou de ma famille qui me parlent de telle ou telle plante, qu'ils apprécient. C'est une façon de faire plaisir en simplicité. Si je possède l'espèce en question et que mon spécimen est en bonne santé et assez développé pour bouturer, sans risquer de nuire à son développement ou son esthétisme, je me lance ! J'ai ainsi pu exporter chez d'autres nombre de boutures : Monstera Adansonii, Pothos NJoy, Monstera Deliciosa, Pothos Neon, Chlorophytum, Begonia Maculata Whigtii.
Pour sauver une plante. Cela m'est arrivé à de nombreuses reprises, notamment lors de l'attaque massive de nuisibles lors de l'été précédent. Le bouturage, par différentes techniques, est ce qui m'a permis de préserver certaines espèces, certes à présent bien moins impressionnantes que les plantes originales ayant pour certaines succombé, mais qui sont aujourd'hui en pleine santé et défaite de toute attaque d'insectes (Thrips, j'aurai votre peau !). J'ai ainsi pu sauvegarder mon philodendron hastatum, mon Calathea Zebrina, et mon Peperomia Watermelon.
Pour redynamiser la croissance, refournir un pot. Parfois, certaines plantes finissent par s'épuiser quand leurs lianes s'allongent. Ce fût le cas pour ma Monstera Adansonii qui, après plusieurs mois, ne me fournissait plus que des feuilles minuscules et en mauvaise santé. La décision de la bouturer, en prélevant une portion du bout des tiges lui a permet de reprendre une croissance plus vigoureuse, et même de redémarrer sa croissance au pied avec une nouvelle tige à l'origine inexistante. C'est également le cas avec certains de mes Pothos qui sont actuellement en bouturage, et dont les nouvelles tiges rejoindront les pots d'origines pour étoffer la plante et la rendre plus luxuriante.
Quel matériel ?
Mon matériel de base pour le bouturage est très simple:
Un sécateur (pour les plantes aux tiges épaisses).
Un couteau bien aiguisé (pour les tiges plus fines).
Des récipients pour placer les boutures en eau.
Des pots en plastique pour placer les boutures en sphaigne.
De la sphaigne.
Une mini serre.
J'utilise également la lampe horticole de mon système prêt-à-pousser pour augmenter la luminosité et donc la croissance des boutures.
Comment bouturer ?
Il existe différentes techniques pour bouturer une plante, ou la diviser, la "propager". Chaque plante se bouture selon une ou plusieurs méthodes spécifiques, mais toutes ne conviennent pas à toutes les plantes. Je détaillerai ici les méthodes que j'ai pu expérimenter, ce qui ne vaudra pas pour guide complet des méthodes de bouturage, bien que cela sera amplement suffisant pour la majorité des plantes tropicales que l'on trouve facilement dans le commerce.
Le bouturage de tiges en eau.
C'est la méthode la plus simple, et la plus pratiquée dans nos intérieurs. La méthode consiste à prélever la tige coupée d'une plante et la placer dans un récipient rempli d'eau, tout en retirant préalablement les premières feuilles qui pourraient être en contact avec le liquide du récipient (pour éviter la pourriture de celles-ci et donc de la bouture). C'est une méthode simple et efficace, qui convient à de nombreuses plantes d'intérieurs, tels que les philodendrons, monstera, pothos, bégonias, marantas, misères etc...

Il convient de vérifier avant de tenter le bouturage, à partir de quel endroit la plante sélectionnée est susceptible de produire de nouvelles racines. Cela est souvent au niveau de ce que l'on appelle un "noeud", lieu boursouflé près de là où sont disposées les feuilles. C'est également l'endroit où peuvent déjà se développer des racines dites aériennes, pour capter l'humidité ambiante, chez certaines espèces (philodendrons, pothos, monsteras). Il faut être attentif à ce détail, avant de prélever le bout d'une tige, pour éviter un échec inutile.
Le bouturage de feuilles.
Cette technique est très utilisée pour les Pépéromias (Watermelon notamment) et certains Bégonias (Rex) qui, à partir d'une simple feuille coupée en lamelle, peuvent produire de nouveaux plants. Pour avoir tenté l'expérience directement en terre, je ne me suis confronté qu'à des échecs. Par contre, en sphaigne, cela semble plus concluant, et réduit le risque de pourriture des feuilles. Ne reste qu'à rester attentif à laisser le substrat humide sans pour autant le noyer. Cela s'applique également à certaines succulentes comme les crassulas, sédum, mais dans ce cas, seulement déposée sur un terreau peu humide.


Le bouturage de tronçons.

C'est une technique utilisée pour les plantes à lianes, comme les Philodendrons, Monsteras. Je l'ai pour ma part appliquée avec mon Philodendron Hastatum silver Sword, ainsi que ma Monstera Adansonii avec de bons résultats. Cela consiste à prélever une tige et la découper en morceaux, chacun avec un noeud à partir duquel pourront se développer de nouvelles racines et de nouvelles tiges. Vous pouvez également préserver la feuille présente sur le tronçon si elle existe, afin de favoriser le processus de photosynthèse lors de la période de bouturage. La différence d'avec la méthode de bouturage de tige en eau est qu'il est ici possible, à partir de la tige découpée en morceau, d'augmenter le nombre de nouveaux pieds, selon la taille de la tige découpée en morceaux. Je pratique pour ma part le bouturage des tronçons dans la sphaigne, pour éviter que ceux-ci pourrissent dans l'eau, après quelques expériences malheureuses.
La division de touffe.

Certaines plantes ne peuvent être bouturées par les techniques précédentes, du fait de leurs spécificités morphologiques et physiologiques. C'est par exemple le cas des Calathéas dont les tiges directement prélevées sans racine ou rhizome (réserves du système racinaire) finiront par mourir. Cela consiste alors à diviser la motte de terre, et donc le système racinaire de la plante, en plusieurs parties distinctes, pour obtenir plusieurs plantes à partir d'une seule potée. Dans ce processus, il s'agit d'être attentif à diviser la motte sans trop abimer les racines (et donc ne pas couper à l'aveugle, plutôt tenter de les démêler pour ensuite diviser les pieds !). C'est ce que j'avais opéré pour mon Calathéa Zébrina en train de succomber à une attaque de Thrips et d'Acariens l'été dernier. J'avais alors déterrée la plante, et prélevé un pied semblant encore presque sain avec un morceau de rhizome, quelques petites racines et une feuille, pour la mettre à bouturer dans un mélange de sphaigne et d'écorce de pin. A partir de ces éléments, un nouveau pied a pu apparaitre. Cela s'applique évidemment beaucoup plus facilement sur les plantes saines, qui finiront par fournir de nouvelles tiges sortant de terre à partir du système racinaire existant.
Le marcottage (+/- Aérien).
Le marcottage est une technique spécifique, permettant à une plante de produire de nouvelles racines sur l'une de ses tiges, sans couper une partie de la plante dans un premier temps. Ainsi, marcotter revient, en terre, à enterrer une partir d'une tige (de Pothos par exemple) pour que celle-ci produise des racines. Une fois les racines développées, il ne reste qu'à couper la tige entre la plante d'origine et le nouveau système racinaire déjà installé en terre. Cela permet d'éviter la délicate période de transition eau-terre, qui parfois est le moment le plus redouté dans le bouturage des plantes tropicales.

Je n'ai pour ma part pas encore tenté cette technique, mais me suis attelé par défi au marcottage aérien, qui lui consiste à faire développer des racines sur une tige, en l'entourant d'un élément humide au niveau des noeuds de la plantes. C'est mon Philodendron Red Emerald qui a été le premier à bénéficier de cette technique, avec un petit ballotin de sphaigne humide accroché autour d'un des noeuds d'une de ses plus longue liane. Le résultat a été sans appel, les racines s'y sont développé très rapidement ! Ne restait plus qu'à couper la tige pour positionner le nouveau pied dans un nouveau pot !


D'autres techniques existent, tout comme quelques variantes. Certains bouturent directement en terre certaines plantes, comme les pothos et les misères qui se divisent facilement. Pour ma part, je privilégie dans un premier temps un passage en eau ou en sphaigne, puisque je trouve la surveillance plus simple. Il faudra alors à la plante un temps de réadaptation une fois en terre (à garder humide de façon continue pour ne pas provoquer un stress trop important lié au passage du milieu liquide au milieu terreux).
Je ne suis aujourd'hui pas rentré dans les subtilités de la reprise d'autres plantes, comme les Alocasias dont j'ai expérimenté la reprise du développement à partir de bulbes directement dans la sphaigne, processus avec lequel j'ai réussi à faire repartir mon Alocasia Bambino qui avait perdu l'intégralité de ses feuilles. Les techniques pour diviser et bouturer les plantes sont nombreuses, il s'agissait aujourd'hui de vous présenter les techniques les plus connues et applicables au plus grand nombre d'espèces de plantes que vous pouvez trouver facilement en jardinerie.

Je vous laisse sur une petite photographie de ma mini serre qui, commençant à se vider, va vite devoir se remplir à nouveau de nouvelles plantes en devenir ! N'hésitez pas à me faire part de vos retours en commentaires, ou de vos propres expérimentations :)
Bonne journée, et bon bouturage !
Merci Vincent pour ces retours d'expériences !!! Il me faudra tenter un de ces 4 le marcottage aérien qui me fascine de plus en plus. Tes photos sont magnifiques, un régal pour les yeux ! Mes premières tentatives de boutures ont été souvent un échec (succulentes, scandens qui ont du mal à se développer). C'est seulement cette année, je crois et j'espère, que les nouvelles tentatives vont bien se développer (scandens, brazil, argyraeus, n'joy, chaîne de coeur, peperomia prostrata, etc.). J'ai déjà qq résultats encourageants ! Biz', au plaisir de lire très vite un prochain article. Christopher alias unamoureuxdesplantes 😊🌿
Superbe article, intéressant à lire et tellement bien écrit...merci de partagé ta passion...